Carmichaël, on fait le mur !
MOUVEMENT, EMPREINTE, RYTHME.
« L’éclair me dure. » René CHAR
Cette exposition a été réalisée dans le cadre d’un projet d’éducation artistique et culturelle soutenu par la DRAC Hauts de France, la municipalité d’Ailly sur Somme et le conseil départemental de la Somme. Il est conçu et mis en œuvre par Le Balbibus et la Courte Echelle, associations implantées sur la commune d’Ailly sur Somme dans les anciens locaux de l’usine Carmichaël.
Le projet « Carmichaël on fait le mur ! »
Le dispositif que nous avons imaginé propose une traversée artistique explorant les résonances entre traces, rythme et mouvement. Il s’adressait aux habitants de la commune d’Ailly-sur-Somme invités à expérimenter un processus créatif transversal associant la danse, les arts graphiques et visuels, la musique et les arts de la rue.
©photos Audrey Peysserre
La recherche artistique qui a soutenu la conception de cette exposition s’articule autour du paradoxe de l’image photographique, captation de l’instant qui fige le corps tout en témoignant de l’empreinte du vif du mouvement. C’est une tentative de graver l’éphémère qui ne naît que dans l’intuition de l’instant. Furtif, impossible à reproduire.
Elle est présentée sous la forme d’une série de portraits en ombre, signatures du corps par le mouvement dansé, dans la singularité de son élan. Elle a été réalisée dans le cadre d’ateliers d’expression proposés aux habitants de la commune d’Ailly sur Somme se déroulant dans l’espace public, dans le quartier Carmichaël.
Les participants, réunissant adultes, enfants et adolescents étaient invités à jouer de la projection de leur ombre dessinée sur le bitume par la lumière naturelle. Jeu des rayons obliques du soleil couchant allongeant les silhouettes, les déformant… La superposition des silhouettes créant des formes non identifiables et fertiles pour l’imaginaire. Invitation à créer ses propres images et les histoires qu’elles portent.
Part poétique du choix d’utiliser la lumière du soleil comme éclairage des prises de vue. Nous avons guetté les éclaircies, l’intensité des rayons pour viser la netteté du contour sur le sol… Jouer avec l’apparition des nuages et s’ajuster à une temporalité qui échappe à notre maîtrise.
Invitation à l’expression partagée dans une dimension d’éducation artistique :
Les participants étaient initiés à la prise de vue dans sa dimension technique et ont réalisé certains des portraits qui composent l’exposition. Les participants se sont trouvés confrontés aux contraintes techniques et à leur prise en compte : travail sur le cadre et les réglages. Ils ont pu prolonger leur exploration de l’outil (appareil photo numérique) de manière libre, s’appropriant la proposition d’apprivoiser un medium peu familier pour certains des participants.
Les ateliers étaient animés par Audrey Peyserre, artiste plasticienne et photographe et Claire PERRET, animatrice d’ateliers d’expression artistique. Il y a eu 3 séances au cours desquelles, en dehors des moment consacrés au travail photo, les participants ont dessiné et peint leurs silhouettes sur le mur imposant qui fait face aux cités ouvrières. Ce mur, qui représente l’éloignement symbolique et géographique du quartier Carmichaël par rapport au reste de la ville, est devenu une immense surface d’expression traversée par les contours des silhouettes, empreintes des corps en mouvement.
Ce mur est également le support d’une fresque réalisée par les participants, en amont des ateliers d’arts plastiques et visuels dans le cadre d ‘une performance réalisée en public dans la rue de l’Usine lors de la fête de quartier du mois de Juin « Carmichael en fête ! », temps fort du projet.
L’ensemble du projet a démarré par 4 séances d’ateliers d’expression artistique autour de la danse et de la musique. Cette première partie proposait aux participants d’explorer, dans l’improvisation du mouvement dansé, le dialogue entre le rythme de la musique et de la danse. Ils étaient animés par Julia BERROCAL, danseuse et chorégraphe, Romain MAGNE, musicien et Claire PERRET, animatrice d’ateliers d’expression artistique. L’articulation mouvement, rythme, empreintes a orienté notre recherche d’improvisation : jeu attisant l’écoute réciproque entre le musicien et les participants danseurs. Souvenir du jeu de collin-maillard : ce n’est pas cette fois le joueur qui, par son regard, fige le mouvement des autres dans leur course mais le mouvement qui se fige quand le son se suspend. Et c’est un jeu : se mettre dans une position d’écoute affutée, du son, du mouvement des autres.
Cette exposition constitue un témoignage de cette recherche artistique transversale associant artistes professionnels et habitants. Elle a vocation à voyager à travers le territoire du Val de Nièvre, poursuivant l’intention de décloisonner les espaces et les imaginaires.
Le Balbibus est une association artistique et culturelle autour du partage de la musique et du spectacle. Crée il y a 20 ans à Amiens, nous venons nous installer avec la Courte Echelle à Ailly sur Somme.
La Courte Echelle, collectif d’artistes et d’artisans structuré en association, s’est installé sur la commune d’Ailly-sur- Somme au printemps 2018 dans les anciens locaux de l’usine CARMICHAËL.